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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

ler l’existence, je te salue de ma dernière invocation !

« Tu m’adoucis ma jeunesse, tu m’instituas un refuge dans ta gloire contre les choses viles, contre la médiocrité et la souffrance, et s’il n’avait tenu qu’à toi, j’eusse connu la douceur du sourire.

» Tu déposas en moi tes plus nobles pensées et tes rhythmes les plus harmonieux, et tu ne craignis point que ma faiblesse, de femme et de vierge, alanguit ton génie. Et maintenant, mère, puisqu’il te plaît de me délivrer, enseigne-moi l’antique secret de mourir avec simplicité. »

Puis s’adressant aux statues d’Homère et de Platon :

— Un jour, dit-elle, que je rêvais à vos côtés, j’appris de mon cœur qu’une belle pensée est préférable même à une belle