Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
DÉSINTÉRESSEMENT

– Tu rêves toujours, Amaryllis, et tes rêves te gâtent ta vie. Daigne sourire, ma chère Lydienne, et contre ton baiser viendront se briser les faibles et dépouiller leurs dernières illusions les forts. Jouis de l’heure qui passe, des caresses des plus jeunes et de l’amitié de ceux qui sont las, et laissons vivre du passé la vierge du Serapeum.

Et s’étant incliné, il serrait la main d’Amaryllis entre ses doigts. Mais elle se mit à pleurer.

— Au nom de nos plaisirs que tu te rappelles, par l’amour que tu avais de mes petites fossettes, par ta haine des chrétiens qui seuls me résistent, par mes larmes qui me rendront laide, Lucius, mène-moi chez Athéné.

Le jeune homme la soutint dans ses bras et s’agenouillant devant elle :