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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

des voiles d’une vierge sur l’admiration des humbles prosternés glissa des parvis du temple dont les portes s’écartèrent lentement. Et comme la beauté est une sagesse encore, défiée, sur le seuil elle apparut. Son bras léger au-dessus de sa tête s’appuyait avec grâce aux colonnades, tandis que le charme de sa jeune gorge s’épanouissait. Des arbres rares, un pan du ciel, tout l’univers se résumait au loin à la hauteur de ses petits pieds. Si frêle, elle emplissait tout ce paysage, en sorte que les fleuves, les peupliers et les peuples n’étalent plus que des lignes menues, et au-dessus d’elle il voyait l’idéal l’approuver. Le soir bleuâtre descendait sur les campagnes.

Un grand trouble, comme un coup de vent, emporta l’âme du jeune homme. Et son cœur se gonfla de larmes et de joie. Il