Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
SOUS L’ŒIL DES BARBARES

homme, et cette odeur continuait si harmonieusement sa pensée qu’il se tut, impuissant à saisir ses propres subtilités et seule la fraîcheur, ou soupiraient les fleurs du soir, n’eût pas froissé la délicatesse de son rêve.

L’enfant si belle, n’ayant d’autre guide que la logique de son cœur, se perdait parmi toutes ces choses et peut-être s’étonnait-elle, étant jeune et de bonne santé.

Ah ! ce sable qui gémissait sous leurs pieds dans la vallée silencieuse, pourra-t-il jamais l’oublier ?

Dans cette volupté, un égoïsme presque méchant l’isolait peu à peu ; jamais sa solitude ne l’avait fait si seul.

Ça et là, sous les palmes noires, des groupes obscurs s’enlaçaient, et il rougit soudain à songer que peut-être son sentiment n’était pas unique au monde.