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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

mait leurs pensées et leur sang ; et c’est ainsi qu’étendus côte à côte, sans se mouvoir, sans un soupir, yeux perdus dans la nuit d’argent que toujours on regrettera sous la pluie dorée de midi, ils ne furent plus qu’un frissonnement du bonheur impersonnel. — Nuances des musiques très lointaines qui fondez les plus ténues subtilités ! limites où notre vie qui va s’affaisser déjà ne se connaît plus ! seules peut-être effleurez-vous la douceur mystique de toutes ces choses oubliées.

Et lui, le premier, murmura « Ai-je raison de me croire heureux ? »

La jeune femme se souleva, ses seins peut-être haletaient faiblement. Un rai de lune caressait le jeune homme et deux fleurs fanées se penchaient comme des yeux mi-clos sur son visage. Elle n’avait jamais vu tant de noblesse qu’en cette lassi-