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jouait, dans son jardin, un de ces ânes charmants de Provence, aux longs yeux résignés, et des canards, un peu viveurs et dandineurs, qui des étangs revenaient pour leur repas du soir. Je reconnus cette générosité d’âme, jadis devinée sous son masque trop serré d’enfant. Pourquoi toujours rétrécir notre bonté, pourquoi l’arrêter au chien et au chat ? En moi-même, je félicitai Petite-Secousse d’avoir précisément choisi l’âne et le canard, pauvres compagnons, à l’ordinaire sevrés de caresses et même de confortable, parce que, sur leur maintien philosophique, ils sont réputés se satisfaire de très peu de chose. Leur volonté amortie de brouillards, leur