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le jardin de bérénice

contre-coup qu’ils supportaient, eux aussi, de notre perte commune. Je restai un long temps à serrer la tête de l’âne dans mes bras, à plonger mes yeux dans ses yeux. Mais comme il appartient à une race longuement battue et que d’autre part cette heure religieuse du levant n’était pour lui que l’instant de sa pâture, il faisait des efforts pour se dégager et brouter. Ah ! me disais-je, comment gagner les âmes.

Petite-Secousse, je crois en vérité que tu existes partout, mais il était plus aisé de te constater dans le cœur d’un léger oiseau de passage que de distinguer nettement comment bat le cœur des simples.