Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/321

Cette page a été validée par deux contributeurs.
313
le jardin de bérénice

naît dans la voie de la vague qui meurt, et comme lui me donner la puissance et la paix ? Auprès de la mer unissonnante, je souffrais que ma vie fût une suite de sons privés d’harmonie. Ce problème, qui n’est autre que de me trouver une loi, m’était si agréable ce soir-là, et si doux aussi le vent généreux qui soufflait du large, que je résolus d’aller, en mémoire de Bérénice, jusqu’au jardin d’Aigues-Mortes.

Il eût été plus hygiénique de gagner mon lit, mais l’idée des transformations de mon moi me présentait avec une grande force la convenance de jouir de mes sensations jour par jour. Puisque nous sommes la victime de morts suc-