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le jardin de bérénice

» Cette mort perpétuelle, ce manque de continuité de nos émotions, voilà ce qui désole l’égotiste et marque l’échec de sa prétention. Notre âme est un terrain trop limité pour y faire fleurir dans une même saison tout l’univers. Réduits à la traiter par des cultures successives, nous la verrons toujours fragmentaire.

» J’ai donc senti, mon cher Lazare, et jusqu’à l’angoisse, les entraves décisives de ma méthode ; aussi j’eusse été fanatique, si j’avais su de quoi le devenir. Après quelques années de la plus intense culture intérieure, j’ai rêvé de sortir des volontés particulières pour me confondre dans les volontés générales. Au lieu de m’individuer, j’eusse été ravi de