Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trésor accroupi de Saint-Trophime, comme j’ai laissé Bérénice qui est mon autel et mon cloître ? Dans cette Camargue, n’y a-t-il pas, comme en moi, la grande voie publique avec quelques cultures sur les côtes, et que je franchisse le fossé, je tombe dans l’anonyme de la nature. Dans ce désert, nulle place pour une vie individuelle : le vent, la mer et le sable y communient, n’y créent rien, mais se contentent de prouver avec intensité leur existence. Ils éveillent la mélancolie, qui est, elle aussi, une grande force sans particularisation. Là, les pensées individuelles se perdent dans le sentiment de l’éternel, de l’universel ; les arbres y sont tendus, inachevés ;