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le jardin de bérénice

— Ma chère petite, ne rougis pas des malheurs qui t’ont offensée ; crois bien que mon amour s’envenimait de ton chagrin habituel. Et même, saurais-je t’aimer si tu devenais joyeuse sans fièvre et simplement heureuse ?

Il me sembla que cette dernière phrase redoublait sa tristesse et qu’en voulant écarter tout froissement de cette petite amie, je n’avais fait que gêner plus étroitement son cœur. J’essayai de revenir sur ma pensée :

— Mais pourquoi, heureuse dans une vie sans singularité, serais-tu moins belle ? Peut-être, en y réfléchissant, les circonstances momentanées n’ont-elles que peu de part dans ton charme : ce