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le jardin de bérénice

… Cette journée-la fut très triste. Nous avions parcouru en voiture les rues de Nîmes qui, la Maison Carrée exceptée, ne m’offre aucun agrément. Elle tenait ma main dans sa main. En toutes circonstances, ce qu’il y avait là d’un peu femme de chambre m’eût choqué, mais j’y sentais à cet instant comme le regard d’une pauvre petite bête à qui l’on fait du mal et qui déclare : « Je l’accepte parce que tu es le plus fort, mais si tu m’aimes bien, ne me fais pas trop souffrir. » J’aurais voulu trouver des mots d’une extrême douceur pour lui exprimer ma pensée. Mais obsédé par la nécessité de faire rentrer cette petite fille dans les voies de l’instinct, je ne savais que lui répéter :