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le jardin de bérénice

puis le développement de la civilisation vénitienne, je compris quel moment je représentais dans le développement de ma race, je vis que je n’étais qu’un instant d’une longue culture, un geste entre mille gestes d’une force qui m’a précédé et qui me survivra. Mais la Lorraine et Venise m’enfermaient encore dans des groupes, ne me laissaient pas sortir de ma famille, pourrais-je dire. Seules, les masses m’ont fait toucher les assises de l’humanité.

Je n’avais pas su dans l’étude de mon moi pénétrer plus loin que mes qualités ; le peuple m’a révélé la substance humaine, et mieux que cela, l’énergie créatrice, la sève du monde, l’inconscient.