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rons le plus posséder la vérité, pour qu’elle nous soit un refuge, et c’est par l’amour que nous la trouvons, car elle n’est pas chose qui se démontre.

Aussi je vous dirai : louez votre souffrance, n’en prenez pas de découragement. Votre mélancolie est plus noble et plus utile qu’aucune alacrité. Quelle que soit votre répugnance à l’admettre, croyez bien que jamais vous n’avez rien éprouvé d’aussi précieux que vos grandes tristesses de jeune veuve amoureuse. Jamais votre sentiment ne fut aussi épuré de vulgarité, aussi proche d’un sentiment religieux. Non, rien ne vous pouvait être plus fécond que votre deuil, sinon peut-être les profondes amertumes