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cette campagne divine et de ne tolérer sur nos âmes que des sentiments analogues à ceux qui flottent sur ses étangs ou végètent sur sa lande. Notre conversation eût paru desséchée, comme paraît cette terre : c’est qu’en étaient bannies toutes banalités ; nous n’admettions rien entre nous que de personnel et de parfaitement sincère. Nous avions nos longs silences, comme cette terre a ses landes pelées, et peut-être n’est-elle jamais plus noble que dans ces friches semées de sel et balayées du vent de la mer.

Nous réservions pour nos soins privés les instants grossiers du milieu du jour, ces après-midi où l’épaisse congestion nous prive tout à la fois de frivolité et