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LA COLLINE INSPIRÉE

inouïe d’efforts, les plus longs voyages et de folles inventions ne purent que la retarder.

L’interdiction de faire des quêtes mit les Baillard dans l’impossibilité de soutenir, au jour le jour, leurs frais immenses et de remplir leurs engagements pour tous ces domaines achetés à crédit. Les créanciers assiégèrent leur porte, les contraignirent à des ventes désastreuses. Le domaine de Sainte-Odile, la ferme de Saxon, les terres de Sion furent mis aux enchères. Ces grands biens, que l’on estimait trois cent cinquante mille francs, ne firent pas cent vingt mille, parce que les événements de 1848 venaient de déprécier les terres et surtout les biens conventuels. Dans cette débâcle, le patrimoine des Baillard disparut. Et par surcroît, leur honneur de prêtre ne demeura pas intact. En effet, sur l’affiche de vente des biens de Sainte-Odile, au scandale universel, on put voir, entre le cheptel et les bâtiments des granges, les reliques de la sainte patronne de l’Alsace livrées à l’encan.

C’est l’Église elle-même qui jugea nécessaire de venir donner à son champion Léopold le coup de mort. Il subit un dur traitement, un traitement, injuste si l’on regarde ses états de service, mais qu’il fallait qu’on lui appliquât pour protéger un plus vaste ensemble. Dans