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pour nous revenir plus chargés de mystère. Les rumeurs de la plaine et les couleurs du ciel entraient dans les âmes. Toutes les inspirations des cultes dont la colline avait été l’autel s’exprimaient en quelque sorte d’une manière visible, l’enveloppaient d’une atmosphère magique, encore accrue par le thème énigmatique exhalé de la fosse d’où venait de surgir le petit dieu inconnu. Cette nuit de Sion formait un vaste drame musical où, sur le fond d’un large motif de religion éternelle, se détachaient le chant catholique des Oblats et le thème en révolte de Léopold. Eux et lui étaient à coup sûr insuffisants pour recueillir tout ce qui s’exhalait de cette terre mystique, mais ils l’aspiraient, l’agitaient, y produisaient d’admirables ondulations de rêveries. Et dans les hauteurs de cette nuit, les anges qui planaient pouvaient entendre, mêlant les couleurs d’une ferveur divine à celles d’une véhémence diabolique, les prières des Oblats et de Léopold jaillir de cette vieille terre religieuse et y retomber en tristesses et en secours.

— Arche sainte, Porte du ciel, murmuraient les Oblats, Vierge dont le pied écrase l’antique Serpent, vous nous avez donné pour mission de servir votre gloire sur votre col-