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sertes du haut lieu. Il échappe à l’empire du raisonnement. Les fêtes sans frein de l’imagination commencent.

Sitôt que Léopold arrive sur les chaumes, c’est comme si de toutes parts se levait une assemblée de choristes. Le vent perpétuel, la plaine immense, les nuages mobiles éveillent la grande voix de ses idées fixes. S’il baisse les yeux, il déplore son domaine perdu ; s’il les lève, il attend le signe divin. En sorte que c’est un continuel vertige, sur ce double gouffre de la terre et du ciel, de ses regrets et de ses espérances. Et si, par aventure, les éléments le laissaient insensible et dans un état d’atonie, il avait pour s’émouvoir un moyen en quelque sorte mécanique. Chacune des phrases de l’Écriture où se trouvent les promesses que Jehovah adresse à Sion exerçait sur lui une puissance magique. La sonorité seule de cette syllabe de Sion suffisait à soulever son âme. Il se répétait indéfiniment la monotone et puissante poésie des psaumes, jusqu’à ce qu’il fût parvenu à un certain degré de chaleur et que son cœur se mît en mouvement.

Vieux cœur sacerdotal, rose de Jéricho ! Cette musique orientale, en même temps qu’elle le ranime, le jette à la divagation. Il