Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme Bibi, le sceptique du village, en recherchaient l’occasion.

— Bibi, lui dit un jour François, notre adhésion à l’œuvre de la Miséricorde est tout ce que l’on peut nous opposer. Eh bien c’est une affaire de conscience. Pourquoi ceux qui ignorent ce que nous savons voudraient-ils nous condamner ? Nous nous chargeons de notre fardeau et ne l’imposons à personne. C’est Dieu qui sera ici le juge comme il l’est ailleurs.

Puis il se mit à lui expliquer la doctrine de Vintras.

Bibi avait écouté sans mot dire, en sirotant sa liqueur, et quand le grand François lui dit pour finir :

— Êtes-vous persuadé, Bibi ?

Il répondit :

— Je suis persuadé que je n’ai jamais bu de si bonne prunelle.

Et si l’interlocuteur ne trouvait pas l’échappatoire de ce farceur de Bibi, s’il répliquait à la Sagesse par quelque argument de bon sens, la scène était encore plus comique : le grand François expliquait très sérieusement qu’il était en possession de quatre cent dix-neuf raisons prouvant la vérité de sa cause, et qu’il se sentait particulièrement appuyé par le pro-