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plus morte que la maison du Maître de Ravenswood, elle n’a même pas de Caleb ; il est temps de se préoccuper du repas et d’un gîte : il est temps de retrouver notre voiture dans la plaine.

Cependant l’année s’achève. Rien n’égale les grandes journées de septembre, si douces que l’on voudrait y ralentir l’écoulement des heures, et sans fin les respirer et les remercier. Dans ces journées clémentes, d’une qualité si fine de lumière et d’air, le passant ne croit pas aux sévérités prochaines de la nature, et déjà toute la montagne se prépare soucieusement à l’hiver. Sous le dernier soleil, les manœuvres scient et préparent les bûches pour le chauffage des oblats. Le grand jardin méthodiquement dépouillé prend sous les derniers soleils son aspect hivernal, et l’œil n’y trouve plus que de hautes tiges de choux qui peuvent impunément subir les gelées. Autour des deux auberges et dans les chènevières, où courent une multitude de volailles, l’humble vie rustique du plateau termine son cycle. Les petits bois nombreux frissonnent sous le vent qui les dépouille et répondent aux mouvements d’un grand ciel nuageux. Tout cherche son sommeil. Et devant cette sorte de résignation, de médiocrité pastorale, on s’étonne