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d’une simple distribution de pain trempé dans du vin, il faisait boire, à même le calice, une gorgée de vin, et c’était un vin de Bordeaux excellent. Il accompagna chaque communion d’une courte exhortation. À Thérèse, il dit ces paroles qu’elle recueillit dans son cœur :

— Renoncez à vous-même. Vous cherchez le bonheur et presque toujours vous prenez le chemin qui vous en éloigne. Aimez, c’est la mission qui vous est dévolue.

Sur ces mots, une seconde fois, l’Esprit le saisit :

— Sion, séjour enchanté d’où mon destin m’entraîne ! Que de fois les prophètes m’avaient porté vers toi ! Quand je lisais dans les livres sacrés les cantiques du Psalmiste, devant ces appels qui ressemblent à des cris passionnés adressés par l’Esprit Saint aux filles de Sion, mon cœur tressaillait, mes sœurs. Je préférais mille fois ces vierges enveloppées de leurs voiles célestes à la trop visible épouse du cantique des cantiques. J’aimais à voir ces ravissantes idéalités planant entre le ciel et la terre, leurs pieds cachés sous la rosée des blanches églantines qui couronnent les sommets du Maria et du Nebo, et leurs chevelures ardentes pâlissaient de