Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Si quelqu’un vient vers vous et n’apporte pas la vraie doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas, car celui qui le salue participe à ses œuvres perverses. » Il s’appuyait encore sur un texte de saint Mathieu : « Si quelqu’un n’écoute pas l’Église, regardez-le comme un publicain et un païen. »

Mais les Baillard allaient de groupe en groupe, répétant que cet étranger méprisait les gens de Saxon et qu’il venait d’insulter Léopold. Poussé par eux, Bibi Cholion osa interpeller l’Oblat :

— On dit que vous êtes de Limoges ?

— Peu vous importe, répliqua l’autre, je suis le curé légitime désigné par l’évêque du diocèse.

La réplique était forte, Léopold, pressé par François et Quirin, fit donner ses réserves : il annonça solennellement que l’Organe de Dieu viendrait bientôt à Sion et qu’on y verrait ses miracles.

Ce fut d’un effet magique. Tout le monde se presse autour de Léopold. Il vaticine, il recommence ses discours passionnés et mystérieux ; il appelle avec une impatience frémissante le jour prochain où Dieu jugera la colline de Sion, la vengera de ses ennemis et