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cédentes ! Il n’en perd pas un pouce de sa dignité. Et le vent qui agite les surplis de ses confrères ne fait pas remuer son lourd brocard violet.

La procession, qui souffre de sa maigreur, essaye de se rattraper par le bruit. Les deux jeunes messieurs Baillard et le curé de Xaronval mènent avec zèle le chœur, chacun dans une partie du cortège. Qu’importe si parfois le vent jette les cantiques du groupe Léopold sur le groupe Quirin, qui va devant et dont les prières à leur tour se rabattent sur le groupe François ! Cette légère cacophonie ne saurait gâter le haut caractère spirituel de cette fête. Arrachés pour un jour à leur vie matérielle, tous ces paysans se réjouissent de déployer, de dérouler leurs sentiments de vénération et de se donner leur âme en spectacle il eux-mêmes. Ils contentent d’obscurs, d’insaisissables désirs en invoquant sur ce haut lieu la Divinité. Sur cette falaise levée au milieu des labours de leur race, ils éprouvent une émotion, qui s’exprime par cette marche grave et lente et par ces accents suppliants ou louangeurs.

Et maintenant, ils s’installent tous sur des bancs de bois devant la chapelle, autour d’un autel en plein air, pour écouter le sermon. Ils