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trop raide, leurs voitures à échelles les attendaient, rangées sur le bord de la route, près de la ferme de la Cense Rouge. Et sur l’étroit plateau, c’était le décor habituel, le décor de chaque jour d’ailleurs, sauf que l’on voyait, çà et là, des tables couvertes de serviettes blanches où reposaient des paniers, et quelques pauvres échoppes qui étalaient des images pieuses, des saints d’Épinal, maintenus contre le vent par des cailloux. L’été venait d’être extrêmement pluvieux, et, au 8 septembre, c’était déjà un grand ciel froid d’extrême automne, où le plus faible soleil mettait une teinte dorée, diluée dans la pluie suspendue. L’horizon, fermé par les brumes, respirait la tristesse, une sorte de grâce voisine de la maussaderie.

Vers deux heures, conduite par les trois frères Baillard, la procession sortit de l’église. Et tandis que les derniers retardataires se pressaient de gravir gaiement les raidillons, elle commença de tourner lentement autour du couvent et sur les bords de l’étroite terrasse, au-dessus de l’immense étendue.

François Baillard, qui avait beaucoup de talent pour les cérémonies, avait réglé les moindres détails, et il surveillait tout avec une exactitude et un entrain admirables. La face et