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LA COLLINE INSPIRÉE

jusqu’à l’espérance toute positive des créanciers.

Aussi vers la mi-août, quand les trois frères et Thérèse annoncèrent leur arrivée, ce fut une satisfaction générale et l’on prépara une petite fête. Le jour venu, dans l’après-midi, M.  le maire Munier, qui d’ailleurs était leur parent, monta au couvent pour recevoir les voyageurs, et des notables l’accompagnaient, M.  Haye, d’Etreval, homme de bon conseil, universellement estimé dans le pays, était là, avec M.  le maître d’école Morizot et une douzaine de braves gens un peu simples, comme Pierre Mayeur, Pierre Jory, dit le Fanfan, le jeune Bibi ou Barbe Cholion, le sceptique du village, et avec toutes les dévotes, au premier rang desquelles Mme  Pierre Mayeur, Mme  Jean Cholion, Mme  Mélanie Munier, Mme  Séguin, la jeune Marie Beausson, la mère Poivre et bien d’autres. Un des frères dispersés, qui venait de s’établir comme menuisier à Lunéville, le jeune frère Navelet, avait fait plus de trente kilomètres pour féliciter son toujours vénéré Supérieur. En attendant l’arrivée de la voiture, ils circulaient tous dans le couvent, à travers le jardin, en habits du dimanche, mais libres de ton et d’allures, puisque les maîtres n’étaient pas là, et jugeant tout en