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UN RAT EMPOISONNÉ

avec l’élégance d’un tireur qui cause après l’assaut, ou, mieux encore, comme un cuisinier qui, dans le poulailler, lirait à haute voix l’art d’accommoder les volailles :

« La campagne a été commencée dans la Libre Parole (octobre) par un banquier du nom de Martin, qui signait « Micros ». Vous y trouverez des imputations assez vives contre le baron de Reinach. Puis, le sac est vidé. Le journal annonce bien qu’il n’a pas fini, pour tenir son public en haleine, mais, en réalité, il n’a rien… C’est à ce moment (premiers jours de novembre) que le baron de Reinach me fit savoir qu’il était disposé à donner des renseignements ; il n’y mettait qu’une condition, c’est qu’on ne l’attaquerait plus dans la Libre Parole. Lorsque l’on m’a offert des armes contre le parti politique que je combattais, je ne me suis pas autrement préoccupé de savoir d’où elles venaient, ni de la pureté de la source… Je les ai prises, il me suffisait que les renseignements fussent exacts… Et voilà comment, au 8 novembre, vous voyez recommencer une campagne très vive dans la Libre Parole où sont dénoncés des députés et des sénateurs. C’était le baron de Reinach qui était la source de ces renseignements et, pour le payer de sa complaisance, on ne l’attaquait plus. »

Le baron de Reinach a trouvé le moyen d’apai-