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LEURS FIGURES

prendre M. Cottu : « Floquet est très occupé en ce moment, mais nous allons chez Clemenceau qui le représente et vous verrez que la somme dont il s’agit est bien destinée à vous ramener le Crédit Foncier. » On arrive chez M. Clemenceau. Le baron lui fait dire que M. Christophle est menacé, ce que tout le monde savait à ce moment-là. On examine ce qu’il adviendrait de son remplacement, mais pas un mot d’argent, rien qui justifie l’histoire du baron. L’impudent ne s’embarrassait guère, et, en sortant, il disait à Cottu : « Avez-vous vu la gêne de Clemenceau ? C’est délicat ces questions d’argent devant un tiers ; mais sur la situation de Christophle a-t-il été assez net ? » Mal convaincu, mais si désireux d’une alliance entre le Crédit Foncier et la Compagnie de Panama, M. Cottu versa la somme au baron, contre un papier : « Je déclare avoir reçu de M. Cottu et de la Compagnie, pour une affaire de publicité convenue, 750,000 francs que je leur restituerai si l’affaire n’a pas abouti dans six mois. » Le délai écoulé sans résultat, M. Cottu réclamait son argent. Le gros juif ricanait ; « Mon cher, vous n’avez pas la prétention de me faire restituer une pareille somme, c’est fait, c’est fait. » M. Cottu, très surexcité, prit Reinach par la barbe : « C’est, affirme-t-il, la plus grande injure que l’on puisse faire à un juif. » Il le poussait dans un angle de la pièce en criant