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LEURS FIGURES

rue de Prony, très finement, pour la rassurer contre toute indiscrétion, il lui dit que M. Bouteiller, désespéré d’avoir été vu, la suppliait de taire cette rencontre. Avec l’aveuglement d’une femme sensible et bien plus touchée de ce Suret-Lefort suspect que de Sturel, elle lui donna ses doigts à baiser au sortir de la voiture.

— Je sais que c’est à vous que nous devons, M. de Nelles et moi, d’avoir été avertis. Croyez à mon affectueuse reconnaissance.

Sturel demeuré seul comptait toujours sur la visite de Fanfournot. « Comment vais-je me dégager ? » se demandait-il en pensant avec une sorte de remords à ce jeune intransigeant et à leur vague pacte. Il mit la clef en dehors sur la porte et se jeta sur son lit. Demi-éveillé, il rêvait. C’était de Thérèse de Nelles et des yeux de peur qu’elle avait en entrant. Elle grelottait et, pour la réchauffer, il se dépouillait, s’exposait au froid. Quand il se réveilla, glacé par la mauvaise circulation dans son corps que gênaient ses vêtements, Rœmerspacher, debout au pied de son lit, le regardait. Il était huit heures du matin.

Cette lampe que contrarie le jour filtrant à travers les persiennes, ce dormeur habillé qui se soulève sur le coude, ce sont les fausses apparences d’un désordre de mœurs qu’il faudrait préférer au désarroi intellectuel dont souffre Sturel en écoutant son ami. Que lui annonce