Page:Barrès – Leurs Figures.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
LEURS FIGURES

levoye un « petit bleu » l’appelant à la Chambre. Morès assistait à l’entrevue.

— Lundi je ne pouvais pas vous répondre, dit Millevoye ; le secret ne m’appartenait pas. Aujourd’hui mes amis, comme moi, veulent que vous sachiez tout.

Il était très ému.

— J’ai là, continua-t-il, des papiers qui déshonorent une partie du Parlement. Je suis navré moi-même. Des représentants de la France sont vendus à l’étranger.

Morès lut alors la traduction de quatorze lettres adressées au jour le jour par le Foreign-Office à l’ambassade de Paris :

2 avril 1893.

« Depuis ma dernière lettre, des événements de grande importance ont eu lieu. En premier lieu, nous avons reçu là visite de l’alter ego de M. Clemenceau, qui est venu s’informer si les dispositions de notre gouvernement sont toujours les mêmes vis-à-vis de son chef. M. Clemenceau désire être fixé sur ce sujet afin de préparer ses arrangements électoraux, car il a décidé d’abandonner le Var, mais il n’a pas encore fait le choix de son futur siège. La seule réponse qui a pu lui être faite a été de laisser l’affaire en suspens. À peine vingt-quatre heures s’étaient écoulées depuis ces pourparlers que Herz informait le magistrat de Bow-Street qu’il était prêt à subir un interrogatoire, sa santé étant beaucoup meilleure, et qu’il désirait qu’un jour fût fixé pour cela. M. Clemenceau a-t-il eu quelque chose