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LEURS FIGURES

Antonin Proust, Dugué de la Fauconnerie et Gobron ne niaient pas d’avoir reçu chacun du baron de Reinach un chèque de vingt mille francs. Gobron soutint que son chèque représentait vingt parts d’une société de tannage qu’il avait cédées à M. de Reinach. Par malheur, à la date où il fallait placer cette vente, ladite société de tannage n’existait pas encore. Proust et Dugué prétendirent avoir coopéré le plus honnêtement du monde à un syndicat de garantie. Fort bien, mais M. Proust avait crié à la calomnie jusqu’à ce qu’on lui mît sous les yeux une lettre photographiée du baron.

Béral avait touché quarante mille francs. Deux fois plus que chacun de ses collègues. C’est qu’il ne s’était pas borné à voter, il avait parlé en faveur du projet de loi. Il argua que c’était le paiement d’honoraires dus depuis quatre années. Il les avait attendus bien longtemps ! Mais pourquoi poursuivait-on ce pillard, tandis qu’on laissait indemne le sénateur Albert Grévy, de la famille des grands voraces, des Grévy-Wilson, qui avait fourni exactement la même justification ?

Au total, le sextuor, bien qu’exécuté par six chanteurs distingués, parut maigre. De la bonne musique de chambre, mais qui sentait son fragment. On eût voulu la grande symphonie d’ensemble, le chœur des parlementaires.

Il est à remarquer que dans ce procès, sur le