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LEURS FIGURES

teur. L’après-midi il s’assoupit et ne retrouve son énergie que vers le soir.

— Justement, dit Sturel, c’est ce soir qu’il me serait le plus commode de l’entretenir.

Alors miss Turner plaignit Mme  Herz qui ne voulait que le silence. Quand elle se retira, Sturel se demanda : « Aurais-je dû lui donner cent francs ? »

Vers huit heures, miss Turner vint le chercher ; il n’acheva pas de dîner. Ils gravirent un perron extérieur et passèrent dans un vestibule assez étroit qui sentait la solitude et l’abandon. Odeur caractéristique d’un vaste hôtel-pension et d’un rez-de-chaussée, tout en salles à manger et salons, que la famille Herz délaissait. Ils montèrent au premier et suivirent un couloir entre des portes numérotées. Miss Turner quitta Sturel pour prévenir Cornelius. Ces longs corridors, pleins de nuit et de meubles, cette antichambre de désordre et de désert, mais non sans grandeur, annonçaient convenablement ce vagabond, riche et décrié ; le logis sentait la faillite et la léproserie.

Au bout d’une minute, Mme  Cornelius vint chercher Sturel, lui fit une phrase d’un excellent ton sur la mauvaise santé de son mari et l’introduisit. Le docteur était au lit. Il tendit la main sans se soulever : « Monsieur, dit-il, je ferai pour vous exception à la règle que je me suis imposée. »