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VAINES DÉMARCHES DE STUREL

suscitait cette grande maison close, ancien family-house, transformée en villa, et sur laquelle peu à peu le brouillard et l’isolement répandirent des couleurs merveilleuses et appropriées. Derrière ces fenêtres secrètes, dans une alcôve, au milieu des tisanes, il imaginait Cornelius comme une bête traquée. Pour s’assurer dans son dessein et se garder de toute pitié, il se rappelait les magnifiques avantages nationaux qu’il pouvait tirer de cet étranger ; il brûlait de lui extraire ses secrets et ne redoutait rien qu’un refus d’audience.

Vers cinq heures, une dame le demanda au parloir. C’était le secrétaire de Cornelius, miss Turner, qui cherchait à vérifier l’identité de Sturel. Il lui tendit le petit index des députés que l’on publie pour chaque législature et qui contenait sa photographie. Elle insista sur la déplorable santé de son patron :

— C’est à grand’peine que M. Herz va de son lit à la fenêtre où il passe ses journées assis dans un fauteuil en face des jardins et de la mer. Sturel exposa qu’il poursuivait une campagne contre le Parlement. Miss Turner paraissait hostile à tout ce qui pouvait envenimer les affres de M. Herz :

— Le matin, il veut qu’on lui lise les journaux français, et sur chaque article qui le met en cause, il s’anime, parle, discute, raisonne, échafaude des projets et envoie promener son doc-