Page:Barrès – Leurs Figures.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
LE CADAVRE BAFOUILLE

avoir demandés quand je livrais les chèques ? Depuis, hélas ! je les ai brûlés.

Et il donne des détails bien faits pour aviver le regret public :

— Je n’ai pu trop regarder ce qu’il y avait sur ces talons… Il eût fallu s’appliquer… C’étaient des hiéroglyphes… des espèces d’initiales… des mots… des noms très difficiles à déchiffrer… Enfin j’ai tout brûlé.

— J’en aurais fait autant, s’écria naïvement l’un des commissaires, M. Bérard.

Le beau mot ! Les fiers chasseurs passionnés de revenir bredouille ! Les nobles enquêteurs qui, tout en mimant un véritable acharnement contre les chéquards, murmurent à la cantonade : « Plaise au ciel que ces véritables frères me fassent pic, repic et capot ! »

En écoutant le banquier Thierrée, tout le pays avait regretté l’impuissance de la Commission d’enquête à le contraindre. M. Pourquery de Boisserin, à qui Constans ne déplaisait pas, demanda qu’elle fût armée de moyens judiciaires. Le président de la Commission, M. Brisson, fit savoir à la tribune qu’il les désirait, ces pouvoirs, mais qu’il désirait aussi qu’on ajournât de les lui donner. Modération plus qu’équivoque ! Couverts devant leurs électeurs par cette complaisante manœuvre, les parlementaires osèrent suivre leur intérêt ; ils refusèrent d’armer la gendarmerie qu’affolés par