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L’APPEL AU SOLDAT

de Valenciennes, l’inspecteur fut puni et M. Lempereur disgracié sur ce motif officiel « qu’il n’était pas présent à son poste pour empêcher Boulanger de passer ». Voilà qui détruit la fameuse version d’une dépêche « Laissez passer » expédiée à Feignies par le ministre.

M. Constans dut connaître comme une probabilité le départ de Boulanger dans la soirée même, mais, dans l’incertitude, il n’agit pas. Un ordre d’arrestation eût-il été exécuté à Foignies ? c’est au moins douteux. D’ailleurs, on semble oublier que l’arrestation du député de Paris était impossible sans l’autorisation de la Chambre. Un homme réfléchi ne pouvait que voir venir et utiliser l’événement. C’est toujours la politique de Constans à qui les simples ont prêté tant d’intrigue machiavélique.

L’habile Toulousain aurait favorisé des indiscrétions, disent ses amis, et délégué de fines mouches qui effrayèrent Boulanger, en lui révélant des mesures imminentes. Les démarches et les comédies des meilleurs agents ne pouvaient rien ajouter au sens très net des événements qui se déroulaient. Les hommes de principe, les hommes de la loi et de la Bible, auxquels Bouteiller, avec une sûre psychologie, avait voulu qu’on remît les hautes besognes de salut, obtenaient enfin ce que M. Joseph Reinach, dès juillet 1888, dans une formule à succès, appelait « l’application des lois, des justes lois ». Depuis février 89, depuis qu’ils avaient vu, avec satisfaction, étonnement et mépris le Général renoncer au terrain révolutionnaire où il prenait ses avantages, le neveu du baron Jacques de Reinach étudiait et suggérait des rapports de police. Plutôt que de sou-