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STUREL CHEZ LE SYNDIC DES MÉCONTENTS

de son programme intérieur. Député stérile, parce qu’il s’employait tout à devenir ministre, il aura été ministre stérile, parce qu’il s’employait tout à le demeurer. La mort ou un échec l’entraînent hors de la scène politique sans qu’il ait rien donné que le spectacle d’une agitation destructive et d’une volonté impuissante.

« Le mal gît dans les institutions parlementaires. Un régime qui place les ministres dans les Chambres stérilise celles-ci ; nous ne discutons jamais ce qui semble à l’ordre du jour, mais la chute ou la conservation du cabinet. La question de confiance qui se pose à chaque pas, en même temps qu’elle dénature toutes les discussions, entrave la liberté du vote. Comment les députés seraient-ils libres lorsque les ministres les placent entre un vote déterminé ou une crise ministérielle ? Et qui donc refuserait sa voix à un ministre dont il sollicite des perceptions et des bureaux de tabac ? Et peut-on ne pas solliciter, alors que les électeurs connaissent l’influence décisive d’un député sur les choix des ministres et exigent sous peine de non-réélection qu’il la mette en œuvre ? Les intérêts privés priment l’intérêt public et l’administration se désorganise ; députés et ministres le déplorent, mais continuent. Il faut séparer les pouvoirs. Dégager ceux qui administrent de ceux qui légifèrent, cantonner les Chambres dans le travail législatif, et les ministres dans l’administration, ce serait mettre un terme à cet état de choses déplorable, et voilà, messieurs, ce que nous devons faire avec le général Boulanger.

« Ce grand patriote a bien vu que ce régime, en paralysant toute action administrative, toute tradi-