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STUREL CHEZ LE SYNDIC DES MÉCONTENTS

esprits les plus serfs, ne l’ayant pas trouvée chez les professeurs pour lesquels ils négligent les humbles, leurs ancêtres. Maîtres et élèves se bornent à épiloguer sur le génie du Général et ils avilissent ce mouvement jusqu’à faire d’un réveil national « la boulange ».

Dégoûté par ces traîtres à la race et résolu de suivre « son devoir », le jeune homme confirme à Suret-Lefort son désir de saluer le chef.

Ils préviennent Saint-Phlin. Celui-ci prend fort au sérieux tout ce qui le concerne ; il pense qu’une visite présuppose un complet accord et qu’auparavant le Général doit l’édifier sur ses intentions. Une morgue insensible de propriétaire campagnard l’amenait à la même expectative où Rœmerspacher se tenait avec la réserve d’un homme de méthode. Il voyait à Paris un petit groupe de jeunes gens de bonnes familles, d’esprit assez cultivé, un peu médiocres, catholiques, plus ou moins monarchistes et qui, par leur éducation et par leur milieu, n’avaient de goût que pour l’armée et la terre. Ayant peu l’occasion d’agir, ils se prenaient fort au sérieux dans leurs velléités. Ils se dirent près de l’oreille : « Nous avons un moyen de toucher Boulanger. » Saint-Phlin apporta à Sturel une note de leur manière. Ils demandaient l’abandon de toute tracasserie religieuse, mais voici l’essentiel :

« Puisque chacun, écrivaient-ils, reconnaît que les rouages administratifs et la paperasserie devraient être simplifiés, pourquoi des postes tels que préfectures, sous-préfectures, recettes générales, ne seraient-ils pas supprimés et leurs attributions déléguées à des officiers supérieurs en activité ?… Le