Page:Barrès – L’Appel au Soldat.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
LES PRINCIPAUX THÈMES BOULANGISTES

engager ce qu’on réservait. Par là, ils sont extrêmement dangereux. — Certains Renaudins du gouvernement, en cherchant Boulanger, allaient déchaîner une suite de désastres sur leurs pères nourriciers.

En septembre 87, Le honteux Mouchefrin apprit à la préfecture de police, où il entretenait des familiarités, que le sous-chef de la Sûreté, M. Goron, avait levé une bande de peau sur le célèbre assassin et amoureux Pranzini, pour la faire tanner et monter en porte-cartes. Il échangea contre cent sous ce renseignement avec Renaudin qui dans le XIXe Siècle, protesta au nom de l’humanité outragée. Le pittoresque de cette fantaisie occupa l’opinion. Goron sentit venir sa disgrâce ; il s’agita, il s’orienta, il vit Mouchefrin et Renaudin : c’était trop tard pour plaider les circonstances atténuantes ; il fallait étouffer le scandale sous un pire. Parmi les dénonciations que chaque courrier verse à la Préfecture, le policier distingua une dame Limousin qui espionnait pour l’Allemagne et tripotait avec des généraux français. Mouchefrin et Renaudin se présentèrent chez cette femme comme deux négociants en soieries disposés à quelque sacrifice d’argent pour une décoration. La naïve gredine les aboucha avec le général Caffarel, sous-chef d’état-major au ministère de la Guerre. Renaudin publia au XIXe Siècle son plus bel article : « Un général qui vend du ruban. » Tandis qu’on arrêtait Caffarel, le public oublia le porte-cartes en peau d’assassin.

Les journalistes officieux ne manquèrent pas de relever que cet officier supérieur avait été introduit an Ministère par le Général Boulanger. De Clermont, celui-ci s’insurgea, convaincu que cette affaire ne