Page:Barrès – Dialogues Parisiens.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
Huit jours chez M. Renan

l’office devant l’humanité. Ainsi de Hugo : j’ai mis quelque temps à comprendre ce grand poète ; vous savez que je n’entends pas grand chose à la littérature ; je ne sais que dire à peu près, dans l’ordre logique, les petits faits qui peuvent intéresser ; Mérimée et Sainte-Beuve me plaisantaient souvent : « Il faut que chaque âge ait son vice, disait Sainte-Beuve ; n’avons-nous pas été romantiques à vingt ans ? Renan le deviendra sur le tard. » En effet, quand Victor Hugo revint de l’exil, quand je vis la haute conviction de ce vieillard, son culte de soi-même, l’enthousiasme de trois générations autour de lui, je compris que j’avais tort de ne point l’admirer davantage. Celui qui sait éveiller les plus nobles sentiments dans les poitrines, quel qu’il soit d’ailleurs, il est bon que nous l’honorions ; il est le