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cesseur (Saurin), mais un rapide tableau des progrès de la raison dans l’ordre des sciences et dans celui de la philosophie morale et politique, préludant ainsi en quelque sorte au grand ouvrage qui devait être comme son testament philosophique. C’est encore la même thèse qu’il développe la même année dans un discours lu à l’Académie française (le 6 juin 1782) devant le comte du Nord, (depuis Paul I). Ainsi les philosophes s’efforçaient — et nunc erudimini — à instruire les rois. Peine perdue, sans doute, au moins en bonne partie, mais qui n’en témoignait pas moins de la générosité de leurs efforts.

La fin de cette première leçon est perdue.



DEUXIÈME LEÇON


La détresse des finances et le cri public avaient forcé le gouvernement à convoquer les États généraux pour le mois de mai 1789. Pendant les neuf mois qui en précédèrent la réunion, il se fit dans tout le pays un immense travail en vue de préparer, non seulement les élections, mais le programme qui, en exprimant les vœux de la nation, devait servir de mandat aux députés et déterminer d’avance le caractère et le but de la future assemblée. Condorcet, le précurseur que nous connaissons, ne pouvait manquer de prendre une très grande part à ce travail : il y consacra un grand nombre d’écrits ; et nulle part n’ont été exprimés avec plus de netteté les principes qui allaient passer de la théorie dans les institutions, mais qui étaient dans le fond — je ne dis pas dans la forme — d’une nature trop républicaine pour pouvoir se concilier sérieusement avec l’institution monarchique.