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mour de l’égalité, par conséquent de l’esprit républicain. D’un autre côté, cet amour n’est pas celui d’un nivellement brutal qui égaliserait toutes les conditions, effacerait toutes les différences et confondrait toute la société dans un même néant. Il accepte les distinctions qu’on ne pourrait supprimer sans attenter à la liberté, et il n’exclut ni la reconnaissance due aux services éclatants, ni le respect du talent bien employé. L’amour de l’égalité n’est pas la haine de toute supériorité. S’il chasse la vanité, il ne repousse pas moins l’envie, cette plaie des démocraties qui appelle aussi le despotisme. Le malheur est que le premier de ces vices, en se produisant chez les uns, excite ou envenime le second chez les autres. Voulons-nous prévenir les explosions de l’envie, gardons-nous des étalages de la vanité, et donnons à nos mœurs le cachet du véritable amour de l’égalité ?