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dans les temps anciens, très lointains.) Et à chaque brise caressante qui se jouait dans la douceur du jour, tout le long des blanches murailles pavoisées s’envolaient des parfums ailés.

« Les voyageurs, passant par l’heureuse vallée, apercevaient, à travers deux fenêtres lumineuses, des esprits se mouvant harmonieusement, au rythme d’un luth bien accordé, tout autour d’un trône où se laissait voir, assis comme un Porphyrogénète dans tout l’éclat de sa gloire, le souverain de ce royaume.

« Éclatante partout de perles et de rubis, rayonnait la porte du beau palais, par laquelle s’écoulait à flots pressés, toujours étincelante, une troupe d’Échos, dont la douce fonction n’était que de chanter, avec des voix d’une beauté exquise, l’esprit et la sagesse du roi.

« Mais des êtres funestes, en vêtements sinistres, vinrent donner assaut à la puissance du monarque (Ah ! gémissons ! car l’aube d’aucun lendemain ne luira pour lui, le désespéré), et la splendeur qui rayonnait et s’épanouissait tout autour de son palais n’est plus qu’une légende, un souvenir obscur de l’ancien temps enseveli.

« Et maintenant les voyageurs passant par la vallée n’aperçoivent plus, à travers les fenêtres enflammées de lueurs rouges, que des formes monstrueuses s’agitant de façon fantastique au bruit d’une discordante mélodie, tandis que pareille à un flot rapide et spectral, à travers la porte pâle une foule hideuse se précipite sans relâche et rit, mais ne sait plus sourire. »

Hideuse, en effet, était la foule de ses pensées. Les ruines s’amoncelaient en lui et autour de lui, dans son corps ravagé et émacié, dans son cerveau plus souvent trouble et lassé, dans sa carrière amoindrie et finalement anéantie, dans son foyer, que les prodiges