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elle y demeura dix ans. Elle mourut peu de jours après lui, et probablement empoisonnée. Sa tombe, fort simple d’après ses dernières volontés, porte cette inscription : « Que la terre et la verdure soient les seuls ornements de ma tombe ; c’est ce qui convient le mieux à celle qui a vécu humble d’esprit et de cœur. » Sur un des côtés on lit : « Ci-gît la périssable fackir Jehanazah Begum, fille de Shah-Jehan, et disciple des saints de Cheesty, l’année de l’hégyre 1094. » L’esprit de l’Évangile n’aurait rien dicté de plus touchant.

Non loin de là se trouvaient les jardins royaux de Shalimar, bâtis par l’empereur Shah-Jehan dans la quatrième année de son règne. Ils avaient, dit-on, coûté un million de livres sterling ; mais ce n’était que leur moindre mérite : le choix de l’emplacement, leur distribution, leur construction, montraient en Shah-Jehan autant de goût pour les beautés pittoresques qu’il avait montré de génie en bâtissant d’autres ouvrages d’art. Des bains, des pavillons, des grottes, d’épais ombrages, en faisaient un lieu de délices et de fraîcheur au milieu des chaleurs de l’été. Par une destinée aussi capricieuse que celle de la maison de Timour elle-même, ils devinrent plus tard une maison de campagne du résident anglais à Delhi. « On ne saurait trouver un lieu, dit un voyageur, plus propre à rendre la solitude agréable, à flatter les sens, à adoucir les soucis de la royauté, à faire oublier l’ennui de la vie. » Un des plus curieux objets des environs de