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même moment. La flamme, dévorant avec la rapidité de l’éclair toutes ces matières inflammables, s’éleva avec impétuosité. Les supports de l’édifice furent retirés, et il s’écroula avec grand bruit, ensevelissant les deux victimes sous ses débris embrasés. Un voile épais de fumée entoura le bûcher au moment de sa chute ; mais la flamme, un moment arrêtée, le déchira bientôt plus rapide et plus éclatante tandis que des milliers d’étincelles remplissaient au loin l’atmosphère d’une pluie enflammée. Les brahmes élevant de plus en plus la voix continueront de réciter leurs mantras [1], et la multitude d’y répondre par des cris frénétiques. Après avoir dévoré ses aliments, la flamme se replia enfin sur elle-même en poussant de longs et sourds mugissements ; les chants sacrés cessèrent. L’étonnement, la curiosité, enchaînèrent pour un moment les milliers de voix de la multitude. Les parents des deux reines profitant de ce moment de silence, firent le tour du bûcher et les appelèrent chacune trois fois par leurs noms ; trois fois un silence lugubre et les derniers soupirs de la flamme furent la seule réponse qu’ils devaient recevoir.

Des gardes, incessamment relevés, et placés autour du bûcher, reçurent la mission de protéger les restes précieux qu’il avait dévorés. Deux jours après, on retira des cendres les ossements brûlés, calcinés, qui n’avaient pas été entièrement dévo-

  1. Sortes de litanies.