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640,000 livres sterl., c’est-à-dire à peine suffisante pour ses dépenses courantes ; ses bijoux, malgré toute l’ardeur de cette passion enfantine dont nous venons de parler, ne montaient pas à la moitié de cette valeur. L’intérieur du palais était encore exactement tel que Tippoo l’avait laissé ; il ne s’était rendu qu’après une sorte de capitulation, et rien ne fut dérangé. Les papiers du sultan couvraient encore les tables où il avait coutume de travailler ; sa bibliothèque, composée d’environ 2,000 volumes ; dont un grand nombre portaient des notes de sa main, était rangée en bon ordre. Là furent encore trouvés, le journal dont nous avons déjà parlé, où il se plaisait à consigner tous les détails de sa vie, toutes les impressions fugitives de sa vive et mobile imagination ; puis un manuscrit intitulé : Livre de mes songes. Il ne travaillait à cet écrit qu’en grand secret, après s’être assuré qu’il était seul, et le cachait soigneusement à tous les yeux. Jaloux de pénétrer jusque dans les replis les plus intimes de la pensée du capricieux et redoutable ennemi qu’il avait vaincu, lord Wellesley en fit traduire un grand nombre. En voici quelques uns.

Premier songe. — Le 12 du mois de behauru de l’an heransen, 1124 de la naissance de Mahomet (répondant à peu près au 19 mai 1796), dans la nuit du jeudi, le serviteur de Dieu eut un songe. Il me sembla qu’on venait m’annoncer l’arrivée d’un Français de haut rang. J’envoyai chez lui et il vint ; lorsqu’il s’approcha du musnud, je l’aperçus, et je