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naient tous les premiers, non sans quelque apparence de raison. Leur gouvernement présentait au fond plus de garantie et de justice que celui des Mogols ; il ne demandait que la même quantité d’impôts ; et en définitive ces exactions étaient moindres : l’explication du fait ne laisse pas cependant que d’être assez simple : absolu, illimité, en droit le despotisme mogol se limitait et se bornait lui-même par sa propre faiblesse ; s’il demandait au cultivateur les trois cinquièmes du produit du sol, il n’avait pas la force de se les faire donner ; tout en les demandant il ne les recevait donc pas. En se renfermant dans les mêmes exigences, les Anglais s’étaient flattés de demeurer dans les limites de la justice ; mais leur gouvernement, plus fort, plus complet, plus éclairé, possédait les moyens de se faire donner ce qu’il demandait ; il savait se faire payer ce qui lui était dû. Tandis que l’impôt demandé semblait le même, l’impôt payé était donc devenu beaucoup plus considérable ; les gouverneurs et la cour des directeurs n’en croyaient pas moins se borner à continuer un système régnant sur ce peuple depuis des siècles.

La santé de sir John Shore le contraignant de retourner en Europe, la cour des directeurs jeta de nouveau les yeux sur lord Cornwallis pour le poste de gouverneur-général. Le souvenir de ses services passés dans ce haut emploi vivait encore dans tous les esprits. Il accéda aux prières empressées de la cour des directeurs ; mais reçut tout-