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groupaient toutes les autres. L’avenir de l’Inde dépendait donc en grande partie de la conduite qui serait suivie par les deux chefs de ces familles.

Les ancêtres de Scindiah, alors en évidence, étaient de la caste des Sudras et d’une tribu de cultivateurs. Ranojee-Scindiah, le premier d’entre eux qui porta les armes, entra au service du Peschwah-Ballajee Bishwanuth, et, après la mort de celui-ci, continua de servir son fils. Avant de prendre ce parti, il avait déjà succédé à l’office héréditaire de potail, chef ou maire d’un petit village dans la province de Wye. Son emploi à la cour était de porter les pantoufles du peschwah, office d’ailleurs honorifique dans les idées orientales. Le peschwah, alors Badajee-Row, revenant un jour d’une fort longue audience, trouva Ranojee endormi ; assis à l’indienne, les jambes croisées, celui-ci tenait encore, même en dormant, les pantoufles de son maître serrées contre sa poitrine. Cette vue fit grand plaisir au peschwah ; il en témoigna naïvement sa satisfaction. Le dévouement du courtisan se montrait d’autent plus grand qu’il s’exerçait sur une chose de moindre importance. Aussi Ranojee fut-il immédiatement nommé à un emploi dans un corps d’élite qui ne quittait jamais le peschwah. Dès ce moment son élévation fut rapide. À l’époque où le peschwah vint dans la province de Malwa, nous le voyons figurer déjà au rang des premiers chefs mahrattes. Ranojee paraît avoir été un soldat hardi et entreprenant ; mais ses dé-