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appelait les immenses services rendus par lui à la patrie ; il parlait avec tristesse et découragement, d’injustice, d’ingratitude… Burke l’interrompit vivement, mais se contenta de dire : « Je laisse à Vos Seigneuries à juger de la convenance de semblables paroles dans la bouche d’un accusé traduit à leur barre par les Communes d’Angleterre. » D’ailleurs l’opinion publique se prononçait pour Hastings plus fortement encore dans l’Inde qu’en Angleterre. De nombreuses adresses en arrivaient sans cesse aux lords, rappelant les grands services de l’ancien gouverneur, et dont l’importance devenait effectivement plus visible de jour en jour.

Le 25 mai, Burke contr’examinait un des témoins de M. Hastings, qu’il poussait avec quelque vivacité, employant ou pour mieux dire perdant beaucoup de temps. Plusieurs fois l’archevêque d’York avait manifesté son impatience. Cédant à ce sentiment, il se leva tout-à-coup ; il lui était impossible, dit-il, d’être plus long-temps témoin de la conduite illibérale des commissaires des Communes ; ces commissaires semblaient vraiment interroger non pas un gentleman, mais un filou ; l’humanité, la conduite des commissaires pendant la durée de ce long procès, ne seraient sûrement pas surpassées par Marat et Robespierre si ceux-ci eussent été chargés de cette poursuite… Avec beaucoup de dignité Burke répliqua : « Je n’ai pas entendu un seul mot de ce qui vient d’être dit, et j’agirai en conséquence. »