Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de bêtes féroces. Un bail de dix années pourrait-il exciter le propriétaire à défricher cette forêt ; à encourager le ryot à cultiver sa terre ? Le fera-t-il lorsqu’il saura qu’à la fin de ces dix années il pourra courir la chance d’être taxé pour les nouvelles acquisitions de terre qu’il aura faites et perdre toute espérance de tirer quelques bénéfices de ses travaux ? Je dois avouer qu’il est évident pour moi qu’un terme plus prolongé me semble absolument nécessaire ; il le faut pour exciter les habitants à des efforts considérables, pour les amener à de notables perfectionnements. » En rendant compte à la cour des directeurs de tous les avantages de son plan, lord Cornwallis terminait en disant : « Je puis vous assurer qu’il est une chose de la dernière importance pour établir sur une base solide les véritables intérêts de la Compagnie ; c’est que les principaux tenanciers des terres et les commerçants dans l’intérieur du pays soient replacés dans des circonstances qui les mettent à même de faire vivre décemment leur famille, et de donner une éducation libérale à leurs enfants, en harmonie avec les usages de leurs castes respectives et de leur religion. Nulle part plus que dans ce pays une gradation régulière de rangs n’est nécessaire pour maintenir l’ordre dans la société civile[1]. »

Ces derniers mots contenaient le fond de la

  1. Lettre de lord Cornwallis à la cour des directeurs, 2 août 1789.