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aurions maintenu un bon corps de cavalerie ; loin de là, nous sommes demeurés avec une frontière faible et étendue, ordinaire résultat des conquêtes. Par la nature des choses nous eussions eu une domination plus forte, plus compacte que celle que nous possédons, aujourd’hui. Si la paix est un bienfait, il aurait été plus sage de retenir dans nos mains le pouvoir de la conserver que de laisser ce pouvoir à la merci du caprice de Tippoo. Si ce dernier a perdu la moitié de ses revenus, il est loin d’avoir perdu la moitié de son pouvoir. »

Dans une lettre écrite peu de mois avant la conclusion du traité, le même capitaine Munro écrivait à un ami : « On lit des livres, on y trouve que toutes les nations guerrières ont eu leur déclin et leur chute, et on déclame contre les conquêtes ; on les déclare non seulement dangereuses, mais sans profit. En cela on part de ce principe que toute augmentation de territoire est toujours et nécessairement suivie d’une augmentation proportionnée dans la dépense, et de nouvelles chances de guerre. Or il y a des circonstances, des situations politiques ou les conquêtes rapportent non seulement un bénéfice, bien au-delà de ce qu’elles ont coûté, mais donnent aussi de nouveaux gages de sécurité pour ce que l’on possède déjà. C’est ce que les rois d’Angleterre ont bien compris quand ils ont tout fait pour s’emparer de l’Écosse. Mais il est un autre exemple qui s’applique bien mieux, selon moi, à notre situation dans le Carnatique : lorsque,