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d’un hommage éclatant, ne fut point cruelle ; un commerce intime et long-temps secret s’établit entre eux. À la fin, soit négligence de précautions de leur part, soit qu’un hasard malheureux les eût trahis, la chose fut découverte. La nouvelle, d’abord débitée tout bas, ne tarda pas à se répandre dans tous les rangs de l’armée ; et alors éclatèrent dans toutes les tribus supérieures une désolation, une consternation dont nous ne saurions nous faire aucune idée ; la peste, en se manifestant tout-à-coup au milieu d’une armée européenne, causerait bien moins d’effroi. Les brahmes Chactryas, Sudras couraient ça et là dans tout le camp les vêtements en désordre, le visage bouleversé, suivant les renseignements recueillis de toutes parts. Ce scandale durait depuis plusieurs mois, sans défiance aucune ; les uns et les autres avaient continué de communiquer avec le coupable ; personne ne pouvait donc se croire à l’abri de la souillure de son attouchement. Ceux mêmes qui n’avaient eu aucune relation directe avec lui en avaient eu nécessairement d’indirectes par quelque tiers. S’il en était d’ailleurs quelques uns qu’un hasard miraculeux eût préservés, aucun moyen n’existait pour eux de rassurer leur conscience. La Toombudra, une des rivières saintes de l’Inde, à quelque distance de là, offrait bien ses eaux pour les purifications requises. En même temps il était fort douteux dans l’esprit de plusieurs d’entre eux que les eaux de cette rivière fussent suffisamment sacrées, eussent une vertu assez